Le ronronnement du chat

ANNIE ROSS - Journal de Montréal

Vendredi, 13 janvier 2017

 

Des études ont démontré que les chats ronronnent en se servant des muscles du larynx (l’organe situé dans la gorge et abritant les cordes vocales) et du diaphragme, le muscle respiratoire qui sépare le thorax de l’abdomen, en les faisant bouger rapidement et de façon intermittente. On parle de 20 à 30 mouvements musculaires par seconde, tout cela pendant que le chat inspire et expire. C’est l’air qui se frappe sur les muscles en mouvements qui produirait ce son que l’on entend, le ronronnement. Celui-ci a donc lieu pendant toute la séquence respiratoire, à l’inspiration et à l’expiration; il n’arrête pas mais change plutôt d’intensité de volume.

 

Majoritairement, les vibrations produites lors du ronronnement sont entre 24 et 140 hertz. La fréquence fondamentale du ronronnement est à 24 hertz puis viennent ses harmoniques les plus présentes, jusqu’à 140 hertz. En terme musical, il semblerait donc que les minets et les matous de ce monde ronronnent en sol! Bien sûr, le ronronnement est unique d’un chat à l’autre. Certains minous ont un ­ronronnement très bruyant tandis que chez d’autres, il est à peine perceptible.

 

Des fréquences thérapeutiques

Étrangement, ces fréquences vibratoires, entre 24 et 140 hertz, auraient des propriétés thérapeutiques. De nombreuses recherches démontrent que les sons entre 20 et 140 Hz auraient un effet bénéfique sur les os, les muscles, les articulations et les tendons et permettraient de calmer la douleur. ­L’hypothèse en vogue voudrait que le ­ronronnement puisse avoir un pouvoir ­réparateur et contribuerait aussi à réduire la douleur. Le ronronnement serait donc un moyen, pour le chat, de se garder en santé!

 

Une forme d’auto-apaisement

On entend souvent les ronronnements lorsqu’un chat se fait cajoler ou lorsqu’une femelle nourrit ses chatons. On a donc tendance à associer les ronronnements au plaisir. Toutefois, il faut savoir que les chats ne ronronnent pas toujours de plaisir. Souvent, les chats vont ronronner pour s’apaiser eux-mêmes lors de situations stressantes, en présence d’une douleur (lorsqu’ils sont blessés ou malades), et même au ­moment de la mise bas. On a aussi entendu des chats ronronner au moment de mourir...

 

Deux ronronnements distincts

Selon certaines études, il semblerait qu’il y ait un deuxième type de ronronnement ayant des fonctions différentes de celles que l’on vient de voir. Il s’agirait d’un ronronnement de sollicitation. En effet, certains chats (pas tous) produiraient ce ronronnement lorsqu’ils ont besoin de nourriture ou d’attention de la part de leur propriétaire. Dans ce cas-ci, le ronronnement de sollicitation intègre une fréquence plus haute, plus aiguë, cachée dans le ronronnement de base. Ce ronronnement serait moins plaisant à notre oreille et serait perçu par l’humain comme plus pressant ou urgent. Il est intéressant de savoir que la fréquence plus aiguë contenue dans ce ronronnement de sollicitation ressemblerait beaucoup aux pleurs d’un enfant. Cette fréquence pourrait donc stimuler notre propension naturelle ou instinctive à soigner ou nourrir un jeune ­enfant.

 

Faut-il croire que les chats exploitent ce ­filon pour mieux nous contrôler? Quoi qu’il en soit, moi, comme bien d’autres, je suis l’esclave de mon chat et je l’aime inconditionnellement!

Pourquoi les chats ronronnent-ils ?

Franceinfo - par Philippe Vandel - 07-2016

 

Pour quelle raison votre matou émet-il ce son?

Est-ce un réflexe de contentement ? Oui et non, et bien davantage. Dès le 2e ou 3e jour de sa vie, le chaton ronronne quand il tète sa maman. Et elle aussi ronronne. Chacun renforce l'autre dans cette situation de bien-être. Le chat possède sous sa peau, comme tous les mammifères, des capteurs de basses fréquences appelés "corpuscules de Pacini".  Quand les fréquences sont situées entre 20 et 140 hertz, soit des sons très très bas, ces détecteurs génèrent dans le cerveau du chat des endorphines, de la sérotonine qui améliore —entre autres— la qualité du sommeil, et de l’ocytocine, molécule qui favorise l'activité sexuelle. Et pas seulement. Et la liste n'est pas close.

 

Sauf que, une fois sevré, le petit chat devenu adulte ne ronronne plus.

En tout cas pas tout seul. Il ne ronronne pas non plus en compagnie d'un autre chat, encore moins d’un autre animal. Les éthologues ont découvert que le ronronnement n'est pas inconscient, mais volontaire. Le chat ressort sa boîte à ronron seulement en compagnie d'un être humain. Pour quelle raison ? Car il adore les caresses, et il a compris que nous adorions le ronronnement. Plus il ronronne, plus on le caresse. C'est un échange gagnant-gagnant qui fonctionne depuis des millénaires (depuis la domestication du chat par les Égyptiens il y a 8 000 à 9 000 ans). 

 

Récemment, les scientifiques ont établi que les vibrations du ronronnement ont des pouvoirs thérapeutiques sur les humains.

Notre tension artérielle baisse quand nous interagissons avec un chat. Mais il y a plus stupéfiant encore : les vibrations du ronronnement facilitent la réparation des os après une fracture, mais aussi les affections des muscles, des tendons et ligaments. Chez les chats. Et chez les humains. 

 

Reste un mystère.

On ne sait toujours pas comment le chat produit ce son, qu'il peut pratiquer la gueule ouverte ou fermée. Pour certains chercheurs, de petits muscles font palpiter la veine cave, celle qui transporte le sang entre le cœur et les principaux organes. Autre hypothèse : le ronronnement serait dû à un os minuscule qui flotte en travers du pharynx, et qu'un ensemble de muscles fait vibrer : l’os hyoïde. Apprenez ce mot par cœur, hyoïde, vous allez gagner au scrabble. Jusqu'à preuve du contraire.

Le ronron du chat, un câlin qui guérit.

Publié le 14 janvier 2013 - La Presse

 

Jean-Yves Gauchet, vétérinaire à Toulouse, qui revendique la paternité en France de la «ronron thérapie», assure que le ronronnement «apaise» et agit comme «un médicament sans effet secondaire». «Quand l'organisme lutte contre des situations pénibles, comme le stress, le ronronnement du chat émet des vibrations sonores apaisantes et bienfaisantes, un peu comme la musique», explique-t-il.

 

Le chat est alors comme un violoncelle dont la musique s'amplifie en fonction de la taille de sa cage thoracique, qui fait office de caisse de résonance. Le ronron vient du larynx et ses vibrations sont un signe d'apaisement entre chats. Le stress, l'insomnie ou l'anxiété peuvent aussi se soigner ponctuellement sans médicament grâce au ronronnement du chat, aux vertus thérapeutiques vantées par leurs maîtres et les professionnels animaliers. «C'est le premier signal que la mère envoie à son petit, un appel de reconnaissance et d'apaisement qui fonctionne aussi avec l'homme», affirme le vétérinaire.

 

L'homme perçoit le ronron par son tympan.

«C'est par le tympan, mais aussi les corpuscules de Pacini, des terminaisons nerveuses situées au ras de la peau, que nous percevons le ronron qui émet des fréquences basses, entre 20 et 50 hertz. Des pensées positives et de bien-être sont alors transmises à notre cerveau», explique-t-il. Et les vertus des chats, qui sont près de 11 millions dans les foyers français, ne se limitent pas au ronronnement. «Le chat est un éternel bébé qui aime se faire cajoler et ne demande qu'à jouer et dans certains cas il comble un manque affectif pour ceux qui n'ont pas d'enfant», déclare-t-il.

 

Journaliste santé, Véronique Aiache a consacré un ouvrage à «La ronron thérapie», aux éditions Guy Trédaniel.

«C'est un puissant anti-stress, régulateur de la tension artérielle, 'boosteur' des défenses immunitaires et un soutien psycho-moteur» note-t-elle, rapportant les résultats d'une étude menée dans les années 1950 par le corps médical américain.

 

«À fracture égale, le chat se rétablit trois fois plus vite que tout autre animal. Les vibrations émises par le ronronnement ont d'ailleurs été reproduites par des kinésithérapeutes pour accélérer la cicatrisation osseuse», raconte-t-elle à l'AFP.

 

Bars à chats au Japon

Au Japon, il existe même des «bars à chats», où les clients viennent se détendre après le travail, en buvant un thé tout en caressant les animaux.

 

La complicité entre le chat et l'homme trouve ses racines dans l'agriculture lorsqu'il faisait fuir les nuisibles il y a plusieurs millénaires. Jean-Denis Vigne, chercheur au CNRS et archéologue, dit avoir découvert lors de fouilles à Chypre en 2005 les traces les plus anciennes d'une association entre l'homme et le chat «au sens affectif». «Une sépulture d'un homme associée à un squelette de chat datant de 8 500 ans avant notre ère tend à prouver leur association dans la vie et dans l'au-delà», estime-t-il.