Fini les chirurgies à des fins esthétiques sur les animaux

 

Le conseil d'administration de l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) a adopté une position à cet effet le 19 janvier, a annoncé l'ordre professionnel cette semaine sur son site Web.

 

Plus particulièrement, les vétérinaires ne pourront plus pratiquer la caudectomie (écourtage ou ablation de la queue) et l'essorillement (coupage des oreilles) chez le chien et le chat de même que la caudectomie chez les bovins et les chevaux à des fins esthétiques ou pour des pratiques d'élevage.

 

L'OMVQ s'était déjà prononcé contre ces pratiques, mais il ne les avait pas encore formellement interdites.

 

Dans son avis d'interdiction, l'Ordre souligne que la caudectomie et l'essorillement n'améliorent pas la santé des animaux et qu'ils comportent certains risques médicaux. Il rappelle également que ces chirurgies sont interdites par de nombreux pays et provinces de même que par les codes de pratiques recommandés pour les bovins laitiers, les bovins de boucherie et les chevaux qui ont été publiés par le Conseil national de soins aux animaux d'élevage.

 

«Toute personne - autre que des médecins vétérinaires - qui effectue ces chirurgies sur le territoire québécois sera poursuivie pour exercice illégal de la médecine vétérinaire et exposée aux conséquences prévues par la loi», avertit l'Ordre dans son avis, précisant que «la caudectomie ou l'essorillement à l'aide de techniques autres que chirurgicales comme l'utilisation d'élastiques peuvent contrevenir aux principes fondamentaux de bien-être animal et aux règles de l'art».

 

En entrevue au Soleil, vendredi, le président de l'OMVQ, le Dr Joël Bergeron, a expliqué que les vétérinaires ne pourront continuer d'effectuer ces chirurgies que si des raisons médicales le justifient (blessure, infection ou cancer, par exemple).

 

Interrogé à savoir si la décision de l'OMVQ ne risquait pas de contribuer à la création d'un «marché noir» de l'essorillement et de la caudectomie, le Dr Bergeron a admis que cette possibilité avait fait partie des réflexions de l'ordre.

 

«Si ça se fait, ce serait non seulement de la pratique illégale de la médecine vétérinaire, mais ça irait aussi à l'encontre de la nouvelle Loi sur le bien-être animal. Le contrevenant s'exposerait donc à une double conséquence», met en garde le Dr Bergeron, qui convient néanmoins qu'il serait «utopique» de penser que les pratiques (au noir) de la caudectomie et de l'essoreillement cesseront complètement demain matin.

 

Ces chirurgies auraient toutefois beaucoup diminué au cours des dernières années, selon l'Ordre, qui fait de la sensibilisation et de l'éducation intensives depuis 2010. «Il y a 10 ou 15 ans, un animal qui se présentait dans une compétition avec la queue ou les oreilles intactes était automatiquement déclassé. Ce n'est plus le cas aujourd'hui», souligne le Dr Bergeron, citant notamment les cas du boxer, du doberman et du schnauzer miniature, dont on ne coupe plus systématiquement la queue ou les oreilles.

 

Dégriffage et dévocalisation

L'OMVQ n'est par ailleurs pas encore prêt à interdire d'autres chirurgies discutables, comme le dégriffage des chats et la dévocalisation (chirurgie des cordes vocales) des chiens. Il préfère miser d'abord sur la sensibilisation et l'éducation, comme il l'a fait pour la caudectomie et l'essorillement.

 

Au sujet de la dévocalisation, le Dr Joël Bergeron signale du reste qu'aucune méthode n'est efficace à 100 % pour faire arrêter un chien de japper, et qu'à choisir entre l'euthanasie et la chirurgie des cordes vocales, cette dernière reste encore la meilleure option. «Mais c'est bien évident qu'il s'agit d'une solution de dernier recours, qu'il faut avoir tout essayé avant d'en arriver là», insiste le président de l'OMVQ.

 

Tatouage et piercing

Quant à la mode des animaux de compagnie «gothiques», des chats ou des chiens décorés de piercing, ou tatoués à des fins esthétiques (oui, oui, ça existe, l'État de New York a récemment adopté une loi pour interdire ces pratiques), le Dr Joël Bergeron ne voit pas la nécessité pour l'OMVQ de se prononcer sur le phénomène, encore marginal. «Il n'y a pas de cas de piercing ou de tatouage qui auraient été faits par des médecins vétérinaires qui ont été portés à mon attention», a indiqué le DrBergeron, qui n'exclut pas une prise de position de l'ordre professionnel sur ces pratiques au besoin.